Les Mielles d'Hatainville

2010 Année Internationale de la Biodiversité

On désigne par Biodiversité, « l’ensemble du tissu vivant de notre planète ». C’est à dire l’ensemble des milieux naturels et des formes de vie (plantes, animaux….) ainsi que toutes les relations et interactions qui existent d’une part, entre les organismes vivants eux-mêmes, d’autre part, entre ces organismes et leurs milieux de vie, et dont l’homme fait bel et bien partie en tant qu’espèce !

 

Les paysages variés du Cotentin avec les dunes, les falaises, les havres, le bocage, les landes, les marais, les rivières … sont autant de milieux naturels (avec une forte empreinte de l’homme) où une grande diversité biologique s’exprime. Certaines espèces vivront dans plusieurs de ces milieux (par exemple le rouge gorge), alors que d’autres trouveront uniquement toutes les conditions réunies pour leur développement que dans un seul d’entre eux (par exemple le liseron des sables uniquement dans les dunes mobiles du front de mer).

 

A la rencontre de la terre et de la mer, le littoral est le refuge d’une grande diversité écologique… Les dunes, si présentes sur la côte ouest du Cotentin, parfois encore étendues comme à Hatainville ou Biville incarnent à merveille cette formidable diversité, où la nature a su développer des trésors d’ingéniosité pour faire face aux conditions de vie extrêmes, avec le vent, le sel, la sécheresse….

 

Schématiquement on pourrait découper la dune en cinq grands ensembles après la laisse de mer, du haut de la plage à l’arrière dune :

La plage et sa laisse de mer, la dune embryonnaire, la dune blanche ou vive, les dunes grises, les dépressions humides et l’arrière dune.

 

La laisse de mer. Chaque marée laisse en haut de plage des algues et des épaves (bois flotté, déchets….), et c’est ce varech  qui permet bel et bien l’édification de la dune. Décomposé par tout un ensemble d’animaux que nous nommerons invertébrés comme les puces de mer, le développement des premières plantes va permettre la naissance d’une dune embryonnaire.

Une végétation annuelle va y pousser (la roquette de mer, la soude, le pourpier de mer), mais aussi des plantes vivaces comme le chiendent qui à leur tour permettront de fixer le sable. C’est le domaine de nidification du gravelot à collier interrompu, et le garde manger de nombreux migrateurs (courlis corlieu, bécasseaux variables et sanderlings…). Le sable ainsi piégé, les dunes s’élèvent peu à peu et donnent naissance aux dunes blanches ou vives, où l’on trouve l’oyat, la plante reine pour la fixation des dunes, appelé dans le Cotentin le milgreu.. Peu d’espèces sont présentes à ses côtés en raison de l’instabilité de cette partie de la dune mais elles sont très spécialisées (chardon bleu, liseron des sables).

S.Criquet

 

Ensuite, derrière ces dunes bordières souvent hautes et grignotées par la mer, l’oyat disparaît au profit d’immenses étendues rases et tout à fait remarquables à Hatainville. Elles sont couvertes de mousses et de lichens, ce sont les dunes grises. A première vue désertes, si arides et sèches en été, il s’offre au regard attentif du promeneur un jardin miniature… Au printemps, pas moins d’une trentaine de plantes différentes poussent sur quelques mètres carrés….Orpins, plantains, violettes miniatures, le délicat et odorant serpolet…et certaines d’entre elles rehaussent l’ensemble comme l’armérie des sables. On peut aussi observer des orchidées comme les ophrys abeille et araignée dont les fleurs imitent leurs polinisateurs pour les attirer….A cette richesse floristique est associée un grand nombre d’insectes. Citons par exemple le chrysomélide Timarcha goettensis normana , une « jeannette », qui vit avec les gaillets et qui est endémique des côtes armoricaines, c'est-à-dire que l’on ne trouve que dans nos dunes ! C’est aussi le domaine des alouettes et des pipits farlouses qui vivent dans les milieux ouverts….

Un peu plus loin, la nappe d’eau douce affleure et on découvre de petites mares qu’on pourrait comparer à des oasis de vie : les dépressions humides. L’eau attire de nombreuses espèces animales et végétales. C’est notamment ici que vivent crapauds, grenouilles et tritons, couleuvres ainsi que beaucoup d’insectes…. Les dunes d’Hatainville abritent un belle population du crapaud des mielles, le calamite, ou encore de tritons crêtés deux espèces menacées d’extinction. Pas moins de 12 espèces y accomplissent leur cycle de reproduction avant de regagner leur territoire terrestre, enfouis dans le sables ou cachés dans les boisements des dunes. On estime per exemple que le crêté peut se déplacer à 1 kilomètre de la mare où il se reproduit

Des fourrés plus ou moins denses parsèment la dune, et plus on s’éloigne de la mer, plus les arbustes peuvent se développer sur l’arrière dune. Ainsi de nombreux secteurs se boisent, et l’abandon du pâturage des coteaux par exemple, la disparition du lapin pendant de nombreuses années, et la baisse de l’activité éolienne, entre autre, favorisent ce boisement.

Les dunes qui surplombaient la vallée des Douits illustrent parfaitement cette stabilisation. Au début du XXème siècle encore mouvantes avec « sa mer de sable », elles sont aujourd’hui boisées par des chênes, des épines noires, des argousiers des troènes, des bouleaux et du chêne vert. Ce dernier, originaire de Méditerranée, a pu coloniser les dunes en s’échappant des jardins des villas du vieux Carteret où il avait été planté


Ces boisements d’arrière dune ont un intérêt pour de nombreuses espèces oiseaux (mésanges, fauvettes, merles noirs, noir, grives, pics épeiche, pinson des arbres…) ou pour de nombreux mammifères (renard, blaireau, belette, l’hermine par exemple). Le chevreuil est aussi favorisé par le développement de ces boisements. Une petite population est aujourd’hui établie dans le massif dunaire

Ainsi pas moins de 1400 espèces animales et végétales sont recensées du Cap de Carteret aux dunes d’Hatainville, et c’est grâce à cette diversité d’habitats naturels qu’elle s’épanouit ainsi qu’à la mise en place de pratiques de gestion appropriées (pâturage extensif, entretien des milieux humides…) et aussi inciter tous les visiteurs et amoureux des lieux à respecter ce grand lieu de la biodiversité régionale. Car plus qu’une dune c’est « monument naturel !» et nos dunes constituent de véritables remparts contre la mer.

 

En 2010, le Conservatoire du Littoral, le SyMEL, et la commune auront poursuivi leurs actions permettant la conservation de la biodiversité des propriétés du Conservatoire du Littoral (renouvellement de conventions agricoles en améliorant certaines pratiques, débroussaillage des milieux humides, créations de mares, limitations d’espèces envahissantes…), des actions liées à la fréquentation. Un suivi de la végétation de l’ensemble du massif dunaire a également été mis en place. En revanche, il y a eu peu de mobilisation pour le diaporama et la sortie nocturne de découverte des amphibiens en avril.

 

En 2011, nous aurons le plaisir d’accueillir le garde Saint Pierre et Miquelon, recruté en décembre dernier sur l’Isthme de Miquelon Langlade et lui faire découvrir le travail collectif qui est mené localement depuis trente ans pour conserver le patrimoine des espaces naturels littoraux de La Manche et notamment celui des dunes d’Hatainville.

Les mielles vues de la plage
Les mielles vues de la plage

Situées sur la côte ouest du Cotentin, les dunes d’Hatainville font partie du massif dunaire dit de Baubigny qui s’étend entre les caps schisteux gréseux du Rozel et de Carteret sur une surface d’environ 800 hectares.  Ce vaste massif dunaire s’étire sur une dizaine de kilomètres sur le littoral des communes Barneville Carteret, des Moitiers d’Allonne, de Baubigny et de Surtainville. Ces dunes perchées sont représentatives des dunes du nord de la côte ouest du Cotentin, elles culminent sur Hatainville à 80 mètres de hauteur et s’enfoncent dans les terres à près d’un kilomètre cinq.

Les mielles vue du Cap de Carteret
Les mielles vue du Cap de Carteret

Le massif dunaire est un haut lieu du patrimoine naturel bas normand. Le patrimoine paysager, biologique, historique et culturel y est très riche. Sa conservation au sens large du terme est menée depuis 1981 par le Conservatoire du Littoral et le SyMEL.

L’originalité du massif dunaire réside dans sa superficie, son étendue aussi bien en linéaire qu’en profondeur,  et par son caractère sauvage.

La diversité des formes dunaires, des simples aux plus complexes est intéressante.

Sur Hatainville, une dizaine d’éléments dunaires originaux ont été identifiés. Il s’agit d’éléments représentatifs d’un patrimoine géomorphologique qu’il convient de préserver (caoudeyre à fond inondable, dunes paraboliques emboîtées opposées…)

La brèche de Lôque (photo Yann Mouchel)
La brèche de Lôque (photo Yann Mouchel)
Dépression humide (photo Yann Mouchel)
Dépression humide (photo Yann Mouchel)
Dunes grises (photo Yann Mouchel)
Dunes grises (photo Yann Mouchel)

Sur Hatainville,  l’intérêt floristique du site est indéniable de part la diversité et la qualité des habitats naturels. 370 espèces végétales sont recensées dont 53 sont considérées comme patrimoniales.

Sept espèces sont protégées au niveau national et deux au niveau régional. Les espèces les plus rares se trouvent dans les dépressions humides arrières dunaires que l’on trouve principalement sur la partie nord avec  la très rare Ache rampante Apium repens récemment découverte, la gentiane amère Gentianella amarella, la littorelle à une fleur Littorella uniflora, la Sagine noueuse Sagina nodosa… On peut également y découvrir un certain nombre d’orchidées comme les Ophrys abeille Ophrys apifera ou araignée Ophrys sphegodes…(photos Yann Mouchel)

Les mares permanentes et temporaires sont propices aux invertébrés aquatiques et aux amphibiens. Pour ces derniers qui trouvent ici un habitat de prédilection, douze espèces y sont recensées : triton crêté, le triton alpestre, crapaud accoucheur ou encore le crapaud calamite….

Reinette et crapaud calamite
Reinette et crapaud calamite

L’intérêt ornithologique est plus limité, mais on notera toutefois la présence du traquet motteux en période migratoire, du gravelot à collier interrompu et du grand gravelot nicheurs réguliers du haut de plage ou encore du bruant zizi qui niche en périphérie du site dans les dunes embocagées. Enfin la fauvette pitchou, nicheuse sur le Cap de Carteret fréquente assidument les dunes depuis quelques années sans avoir encore été prouvée nicheuse dans les fourrés dunaires

Le site est doté d’un plan de gestion pour la période 2006-2015. Il a été réalisé en régie par le Syndicat Mixte Espaces Littoraux de La Manche.

La gestion du site est orientée vers la conservation des habitats typiques du massif dunaire en  conservant un massif dunaire actif, vivant et diversifié et en favorisant la dynamique éolienne créatrice de milieux naturels typiques et originaux.

 

Le pâturage extensif en milieu dunaire

Comme la majorité des dunes du Cotentin, la quasi totalité du site est voué à l’activité pastorale. Mais à la différence de nombreux sites, les grandes mielles d’Hatainville sont pâturée de façon extensives sur une surface avoisinant les 310 hectares. Ce pâturage hivernal et printanier est mené par deux agriculteurs locataires des terrains du Conservatoire du Littoral

La mielle du nord (90 hectares) est pâturée par des chevaux Cobs Normands, alors que la mielle du sud est pâturées par deux ateliers de vaches allaitantes de races Gasconne des Pyrénées et Charolaise. Les chargements n’excèdent par les 0.3 UGB/Ha en chargement instantané.

Les périodes coïncident avec l’hivernage des animaux qui pour les bovins passent la saison estivale dans les marais du Cotentin. Les poulinières entrent au début du mois de décembre et ressortent au début du mois d’avril, et les bovins rentrent au mois de juin et sortent entre la mi mai et début juin.

Différents sentiers sont aménagés et permettent de canaliser le public. Un plan d’interprétation en lien avec le cap de Carteret est actuellement en cours pour améliorer la découverte, la mise en valeur du site et la préservation des habitats.

Merci à Yann MOUCHEL pour sa collaboration et ses photographies

Mairie

9 rue des Trois Forges

50270 Les Moitiers d'Allonne

Tel : +33 02 33 53 81 88

Fax : +33 02 33 53 03 20

 

mail: moitiersdallonne@wanadoo.fr

 

Contact Secrétariat Mairie 

Gestion du site

 

Ouverture au Public :

Mardi et Jeudi

  de 10h00 à 12h00

Vendredi 

  de 13h30 à 17h30

 

Syndicat Mixte des Espaces Littoraux de la Manche

SYMEL

Office du Tourisme de la Côte des Isles OTCDI